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Michel Larroche

ROUGE-VIOLET. RECETTE N° 1.

Nom usuel : Tournesol en pains, lichens de mer.
Nom vernaculaire : Orseille (français).
Origine du nom : Orseille, au Moyen-Âge nom désignant la matière colorante picturale et tinctoriale obtenue à partir des lichens terrestres (orseille en drapeaux) et maritimes (orseille en pains).
Domaine : Végétal
Origine géographique : Rivages de la Méditerranée, des îles Canaries, des îles du Cap-Vert, Suède, Ecosse, Irlande, Pays de Galles.
Principe colorant : Orcéine.
Formule chimique : (C7H7N03) (C28H24N2O7).

Manuscrit source : Traité complet des propriétés, de la préparation et de l'emploi des matières tinctoriales et des couleurs. 1828
Auteur : J. CH. LEUCHS

On pulvérise la plante bien séchée, on la mêle avec la moitié de son poids de cendres gravelées1 et on ajoute assez d'urine2 au mélange pour le mettre en pâte molle. Le mélange entre peu à peu en fermentation. Alors on l'arrose de temps en temps avec une nouvelle quantité d'urine jusqu'à ce que la pâte ait pris d'abord une couleur pourpre, puis une nuance bleu foncé. Lorsqu'elle est en cet état, on la pétrit avec plus ou moins de craie3 qui lui donne la consistance plastique, on la moule et on la fait sécher à l'ombre. Les auteurs ne sont point d'accord sur la plante qui sert à obtenir le tournesol en pains4. Suivant les uns il se fait avec le lichen rocella tinctoria des Canaries et du Cap-Vert, suivant d'autres avec le lichen rocella tinctoria et le ceanora tartarea, et selon d'autres encore avec le parellus. Tous ces lichens viennent sur les rochers des rivages de la Méditerranée, des Canaries, des Iles du Cap-Vert, ainsi que sur les côtes de Suède, d'Ecosse, d'Irlande, du Pays de Galles, les habitants emploient ces lichens depuis un temps immémorial pour teindre en rouge. Dans le Traité complet des propriétés, de la préparation et de l'emploi des matières tinctoriales et des couleurs par J. CH. Leuchs, on relève le passage suivant: 
« depuis longtemps on livre au commerce la matière de ce lichen et de quelques autres, en pâte d'un rouge violet sous le nom d'orseille5, et plus tard on la produisit en masses plus ou moins sèches sous le nom de persio ».

Notes :
1- Cendres gravelées: lie de vin séchée et carbonisée. 
2- Urine: liquide biologique humain. 
3- Craie: carbonate de calcium. Ca CO3 
4- Tournesol en pains
Expression professionnelle désignant une technique de solidification de la couleur liquide, obtenue avec Rocella tinctoria, mise sous forme solide pouvant prendre l'aspect soit de petits pains appelés aussi tourteaux, soit de petites billes appelées trochisques. Au Moyen-Âge certaines matières colorantes végétales liquides sont fixées sur des supports solides (blanc de plomb ou craie), ce sont les laques des enlumineurs. 
- Tournesol en drapeaux.
Expression professionnelle désignant une technique de fixation de la couleur liquide obtenue avec chrozophora tinctoria, en teignant des morceaux d'étoffes appelés drapeaux (cette préparation du tournesol en drapeaux est tout à fait comparable à la préparation de Cennino Cennini qu'il appelle pezzuoles et est aussi à rapprocher de la bourre-tontisse des draps escarlates teints à partir de la graine d'écarlate ou de la laque indienne. 

Notes :
5- Orseille. Fucus
Ce mot d'origine grecque qui joue un grand rôle dans la teinture en rouge des Anciens a été sans hésitation traduit par orseille. Berthelot indique: algue (lichen marin fournissant l'orseille). Lagercrantz6 adopte sans discussion la même thèse (orseille). Or, l'orseille est fournie par des lichens terrestres qui couvrent soit des rochers, soit des troncs d'arbres, et qui, à première vue, ne trahissent aucune propriétés colorantes. D'autre part les lichens qui donnent l'orseille sont tous des plantes terrestres ; nous avons expliqué que leur colorant, l'orseille, est le produit d'une longue macération en présence d'ammoniaque. Le Papyrus Graecus Holmiensis7(Pap. Holm) signale encore quelques autres matières susceptibles de teindre en rouge. Le krimnos est mentionné cinq fois dans le Pap. Holm., mais il est impossible de déterminer la nature de cette drogue. A l'occasion du passage (Pap. Holm. 39) H. Diels (Antike Technik, 2° éd. Teubner 1920, p. 146) traduit par Körnerlack, ce qui équivaut au lac dye. Diels ne donne aucune explication sur les raisons qui lui ont suggéré cette assimilation ; dans ce passage le krimnos figure comme succédané (inférieur) du kermès ; or le lac dye (plus exactement le stick

Notes :
lac), s'il était utilisé dans les pays méditerranéens, coûtait surement beaucoup plus cher que le kermès puisqu'il fallait l'importer de l'Inde. 
6- Otto Lagercrantz: Papyrus Graecus Holmiensis; Recepte fürSilbert, Steine und Purpur, Upsal 1913. 
7- Seminarium Kondakovanium. Recueil d'Etudes. Archéologie. Histoire de l'Art. Etudes Bizantines. VII. Institut Kondakov. PRAHA. 1935.

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