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Michel Larroche

ROUGE DE LAQUE INDIENNE. RECETTE N° 1.

Nom usuel : Laque indienne (ou lacque).
Nom vernaculaire : Laque du bois, laque en bâtons,laque tuyau, stick lac des Anglais.
Domaine : Végétal / Animal

Manuscrit source : Encyclopédie ou Dictionnaire Universel raisonné des connoissances humaines.
Auteur : ANONYME

Ouvrage dont est tirée la recette.

Encyclopédie ou dictionnaire universel raisonné des connoissances humaines
Mis en ordre par M. De Félice. (Fortuné Barthélémy De Félice). M. DCC. LXXIII.

Cette laque s'appelle "trec" dans les royaumes de Pegu et de Martabar. On recueille une résine semblable à ces lacques, mais d'une qualité supérieure sur l'espèce de "croton"1 que M. Linné nomme: "croton foliis ovatis tomentosis serrulatis petiolatis". Calicibus tomentosis. Voy. Linn. fl. zeyl. 344 (D.). 

Recette.

Pour tirer la teinture rouge de la laque, on la sépare des branches, on la pile dans un mortier, on la jette dans de l'eau bouillante, et quand l'eau est bien teinte, on en remet d'autre, jusqu'à ce 
qu'elle ne teigne plus. On fait évaporer au soleil la plus grande partie de l'eau ; on met ensuite cette teinture épaissie dans un linge clair ; on l'approche du feu, et on l'exprime au travers du linge. Celle qui a passé la première est en gouttes transparentes, et c'est la plus belle lacque. Celle qui sort ensuite par une plus forte expression, et qu'on est obligé de racler avec un couteau, est plus brune et d'un moindre prix.

Notes :
1- Croton à laque de Linnaeus.

Ouvrage dont est tiré l'extrait qui suit:

DES VÉGÉTAUX RÉSINEUX, tant indigènes qu'exotiques; ou DESCRIPTION COMPLÈTE des arbres, arbrisseaux, arbustes et plantes qui produisent des résines; avec les procédés pour les extraire; l'indication détaillée de leurs propriétés et usages dans la médecine, la pharmacie, l'art vétérinaire, la peinture, les vernis, la teinture, la parfumerie, l'économie domestique, et en général dans tous les arts utiles et agréables.
On y joint la synonymie; les noms vulgaires en sept langues; la culture, etc...et un mémoire de J. Nauche, médecin, membre de plusieurs Sociétés Savantes, sur la manière dont les substances résineuses agissent dans l'économie animale. Par F.S. DUPLESSY, Secrétaire perpétuel de la Société Académique des Sciences de Paris. Tome IV. A PARIS; chez Delalain, fils, Libraire, quai des Augustins, n° 38. AN XI (1802).

Notes :
Arbuscula zeilanica, acris; gummilaccam fundens.
Kaeppethia zeilanensibus, arbrisseau de Ceylan laissant écouler la gomme-laque.
Arbor zeilana, aromatica, acris, laccam fundens, major. Mus. Zei. Grand arbre de Ceylan d'où découle la gomme-laque.
Il découle de ces arbres une résine qui est une très belle laque qui suinte avant la naissance des rameaux: elle paroît en forme de petites perles ou de bourgeons; les habitants de Ceylan la ramassent avec le plus grand soin, et en font grand usage pour enduire leurs lances, les manches des couteaux et autres ustensiles: elle est meilleure et plus pure que celle de Siam, qu'on transporte dans les Indes et en Chine, où l'on ignore si quelque végétal indigène en procure. Voilà donc trois végétaux différents qui produisent, selon divers auteurs, la même substance. On étoit très persuadé autrefois que la substance résineuse connue sous le nom de laque, étoit l'ouvrage de fourmis ailées. Les uns vouloient que ces petits insectes fissent sortir cette substance des arbres qui la fournissent, en les piquant, et en dirigeant par-là

Notes :
l'écoulement, qui s'éxécutoit à travers de petits trous que faisaient leurs dents aiguës; d'autres prétendoient que ces fourmis ne faisaient que sucer le suc de différentes plantes, et venoient le déposer sur certains arbres qui leur étoient agréables, de la même manière que les abeilles sucent le miel, se chargent de la cire, et de la matière dont elles composent leur propolis, qui ne tient ni de l'un ni de l'autre, mais qui paroît composé de matières liées par quelques parties onctueuses et résineuses. On étoit si bien persuadé que c'étoit en effet le produit du travail de ces insectes, de quelque manière qu'il s'opérât, que divers écrivains, parmi lesquels on cite Dioscoride, n'ont pas balancé de nommer la laque, l'excrément des fourmis. Il y a toute apparence, et le témoignage de différents auteurs, qui ont sans doute pour eux une expérience certaine, pourroit prouver que cette substance découle spontanément et naturellement d'un des végétaux qu'on a cités, peut-être de plusieurs; comme le sang-dragon paroît appartenir

Notes :
à divers végétaux, etc...Disons plutôt que, si on rencontre des fourmis ailées sur les arbres qui portent la laque, c'est par un attrait qu'ils offrent au goût et à l'odorat de ces insectes; peut-être par l'éclat de la couleur qui flatte leur vue. Laissons à ces végétaux la faculté de répandre le superflu de leur sève, sans avoir besoin d'agents intermédiaires. Un voyageur éclairé nous a fait à ce sujet une objection qui pourrait embarrasser, et vient à l'appui de l'opinion que nous combattons. Il dit qu'au Bengale on trouve la laque, non-seulement sur les arbres supposés laccifères, mais encore sur plusieurs autres qui, par leur nature, ne sont susceptibles de fournir aucune résine, et que sur tout ces végétaux on voit voltiger des fourmis ailées: donc ce sont ces mêmes fourmis qui sucent, recueillent sur divers végétaux cette gomme précieuse, et la déposent sur plusieurs arbres sans faire choix d'aucun en particulier. On pourroit demander si l'on trouve de la laque sur ces différentes espèces d'arbres, aussi constamment et en aussi

Notes :
grande quantité que sur ceux véritablement laccifères; c'est un fait dont on doute avec d'autant plus de raison que, parmi les arbres de la même espèce, il n'y en a qu'un petit nombre sur lesquels on rencontre de la laque, et qu'ils ne sont pas tous fournis de cette substance; elle ne leur est même qu'accidentelle. On expliquera cette espèce de phénomène, en disant que les fourmis volantes, attirées par l'éclat du végétal laccifère, auront été embarrassées par l'humeur gluante qui en suinte, et que, comme effrayées de la matière visqueuse qui s'attache à leurs pattes et à leurs antennes, elles auront volé sur des arbres voisins où elles se seront débarrassées de cette espèce de mortier incommode, en se secouant, en se tournant dans tous les sens... etc.
Le plus grand usage de cette laque est pour le peinture; elle est précieuse surtout aux peintres en miniature, auxquels elle fournit le plus beau rouge: par son moyen, on donne aux vernis une couleur brillante, qu'on ne peut obtenir par aucune autre substance. Les teinturiers s'en servent: sa rareté et par

Notes :
conséquent sa cherté les empêchent de l'employer seule; ils la mêlent avec d'autres substances de la même couleur, qu'elle avive et auxquelles elle donne plus de brillant, par l'effet de sa partie résineuse. Les fabricants de cire à cacheter la mettent en usage de préférence à toute autre matière colorante; ils l'emploient pour la cire la plus fine, qu'elle pénêtre d'une odeur très aromatique et très suave. 
   


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